Une lisière, ou ourlet, est une zone de transition entre un écosystème arboré et un autre fauché. Sa flore jouit d’un certain ensoleillement, permettant le développement de nombreuses plantes à fleurs. Mais l’ombre qui la rafraîchit étale les floraisons sur une longue période. C’est une aubaine pour les pollinisateurs.
Cet écosystème n’étant pas adapté à la fauche ou à la pâture, il profite aux
animaux
qui cherchent refuge et y trouvent de la nourriture en abondance. C’est le siège d
’une grande richesse faunistique.
Ici, en plus d’amener le bétail, on cultivait la terre. Distinguez-vous le cerisier (Prunus avium) dans la pente et le mur en pierres qui délimitait le potager ? Or, depuis l’abandon de ces terrains par l’homme, on voit la forêt prendre le pas sur la prairie. Celle-ci devient de plus en plus humide et ombragée. Des arbrisseaux s’installent. C’est le cas de l’épine-vinette (Berberis vulgaris), dont les rameaux épineux produisent des grappes de fleurs jaunes, qui donneront en septembre des fruits rouges comestibles. Vous voyez peut-être aussi des rosiers sauvages (Rosa sp), des framboisiers (Rubus idaeus), des groseilliers des Alpes (Ribes alpinum).
Certaines plantes herbacées sont elles aussi caractéristiques de la
lisière. Vous
apercevez sûrement quelques
fraisiers (Fragaria vesca), des fougères mâles (Dryopteris filix-mas) sur les rochers, ou des géraniums des bois (Geranium
sylvaticum).
Il sera néanmoins difficile pour la forêt de s’implanter partout. Voyez-vous ces amas
de rochers ? Les plantes gourmandes en humus ne peuvent s’y plaire. On y
rencontre plutôt des plantes
xérophiles(aimant la sécheresse). Souvent ce sont des
plantes aromatiques telles que
l’origan (Origanum vulgare) ou le
thym serpolet (Thymus serpyllum). Mais on observe également des céraistes communs (Cerastium fontanum), formant des tapis de petites fleurs blanches aux pétales dé
coupés en cœur, ou le myosotis (Myosotis sp) dont la couleur bleue des fleurs à
5
pétales ne s’oublie pas. Ces rochers siliceux sont le milieu naturel de l’ortie (Urtica
dioica), qui pousse de nos jours dans tous les milieux enrichis par l’homme en azote,
et de
l’oseille à écusson (Rumex scutatus), aux feuilles en forme d’écus.
À quoi ce poste ressemblera-t-il dans 30 ans ? À terme, les arbrisseaux laisseront place à la forêt et les espèces xérophiles, sous l’ombre des arbres, seront remplacées par des plantes plus adaptées à l’humidité ambiante qui y règnera.
Texte : Céline Vuitton et Mirko D'inverno, botanistes de terrain